Dessin par tOad (publié sur Twitter le 10/01/2019).
+ Les Gilets jaunes ont osé aborder le sujet tabou du rôle des médias dans l'organisation de la vie politique française, pointant les manquements à l'impartialité exigés par la déontologie.
"Le Monde diplomatique" a publié une carte des "lieux de pouvoir" à Paris, qui a déclenché l'ire de quelques rédacteurs en chef en vue, car cette carte ne manque pas d'inclure les médias qui font la pluie et le beau temps.
Tintin, qui vient de fêter ses 90 ans, a pas mal contribué à rendre héroïque la figure du journaliste-reporter, devenue peu à peu un mythe libéral, bien que Hergé n'a pas épargné les Etats-Unis capitalistes dans plusieurs albums.
Le mythe libéral est quelque peu écorné cependant, en dépit des efforts de F. Hollande et son successeur pour restaurer l'image de marque du journalisme à travers le mouvement "Tous Charlie".
+ L'expo. que la bibliothèque du Musée Pompidou consacre à l'oeuvre de Riad Sattouf permet de comprendre pourquoi cet auteur de bande dessinée est un des maîtres du genre (expo jusqu'au 11 mars). Comme pour les précédentes expo. (Franquin, Bretécher...), la présentation est didactique et soignée, le public au rendez-vous.
Le travail de simplification du dessin, nécessaire pour le plier à la narration, est visible dans l'exposition des planches originales extraites des différents ouvrages publiés par Sattouf. On peut comparer ses travaux d'élèves compliqués et assez illisibles, proches de l'arabesque, à son style actuel épuré. L'auteur procède aussi à la simplification de la colorisation, mise au service du récit.
On peut mesurer ainsi la somme de travail nécessaire pour faire carrière dans la BD, le goût pour la vie monastique qu'elle exige. Mais surtout Sattouf ne donne pas une énième oeuvre intimiste ou fantastique, en tirant matière de son enfance écartelée entre l'Occident et le monde arabe en voie d'occidentalisation.
"L'Arabe du Futur" est son oeuvre phare, consacrée par un large succès public. Il y est question, notamment à travers les parents de l'auteur, des relations ambiguës entre les dictatures arabes (armées par la France) et la France démocratique. La France est ainsi à la fois un modèle et un repoussoir pour le père de R. Sattouf. Les sentiments de sa mère (bretonne) ne sont pas moins ambivalents.
Si le style de Sattouf évoque celui de Hergé, adapté à un public plus mûr, il échappe au registre de la propagande auquel Hergé appartient, sous couvert du journalisme d'investigation.
"Charlie-Hebdo" avait su détecter le talent satirique de Sattouf qui provient sans doute d'une enfance moins baignée dans le sentimentalisme et le politiquement correct.